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Cher(e) Ami(e) et Client(e),

 

Durant l'année 2008 et particulièrement au printemps, le Gouvernement a mis à rude épreuve le syndicalisme viticole français toujours aussi brillant dans sa diversité et sa désunion structurelle, afin d’arriver à la mise en place de l’application de la réforme des AOC (Appellations d’Origine Contrôlée).

Ainsi, pour l’Alsace, l’AVA (le syndicat de l’Association des Viticulteurs Alsaciens) devient un ODG (Organisme de Défense et de Gestion), lui-même adossé d’un OIAL (Organisme d’Inspection des Appellations d’Origine). Ce dernier a pour mission de contrôler les produits et le respect des cahiers des charges des différentes AOC (Appellation Alsace d’Origine Contrôlée, Appellation Crémant d’Alsace, Appellation Alsace Grand Cru).

Ainsi les syndicalistes ont été occupés jusqu’à l’usure et le découragement à la rédaction des cahiers des charges et des plans d’inspection prévoyant pour le producteur après approbation de l’INAO (Institut National des Appellations d’Origine Contrôlée) toute la batterie des pièces justificatives à produire et la définition des produits contrôlables par les différentes sources de contrôles possibles, sans oublier les sanctions prévisibles en cas de manquements éventuels.

Au niveau national, le plan de modernisation de la viticulture fait rage. Ainsi, toute la hiérarchisation des Appellations d’Origine Contrôlée (AOC) et de la classification des vins (AOC, VDQS, Vins de Pays, Vins de Table) sera chamboulée au profit d’une hypothétique adaptation à la féroce compétition mondiale pudiquement appelée  mondialisation.

Aussi, pour moderniser la France viticole, une nouvelle segmentation en trois catégories est prévue :

AOP : Vins d’Appellation d’Origine Protégée

IGP : Vins avec Indication Géographique Protégée

Vins sans IG : Vins sans Indication Géographique, anciennement Vins de Table.

Il va sans dire que le petit vigneron de terroir n’a aucun poids dans cette lutte au plus influent et au plus puissant : pendant qu’il discutaillait âprement avec ses collègues du plan d’inspection de sa petite Appellation Grand Cru qui ne représente presque rien en volume final, nos grandes maisons de commerce de vins ont habilement et efficacement négocié à Bruxelles.

Maintenant l’usage du cépage et du millésime sur les bouteilles de vin de table sera autorisé. Alors, peut-être, verra-t-on du Riesling industriel produit sans aucune règle en plaine d’Alsace (ou ailleurs) et dont l’étiquette avec une belle cigogne et un beau colombage suggérera la région sans la revendiquer. Peut-être découvrirons-nous aussi du Riesling en IGP (Indication Géographique Protégée), un vin du Rhin par exemple et dont la qualité mais surtout les règles de production seront différentes du Riesling produit en AOP (Appellation d’Origine Protégée) ?

Sous cette segmentation nouvelle des vins français se profile le libéralisme voulu par la Commission européenne et que les Français subissent de plein fouet alors que dans le temps ils étaient les initiateurs majeurs de la politique viticole européenne. Naturellement, l’autel du libéralisme demande ses sacrifices mais c’est surtout le socle sur lequel toute notre viticulture était basée avec son AOC (Appellation d’Origine Contrôlée) qui est bouleversée.

Les vignerons, affolés, et leurs syndicats, tantôt dépassés, tantôt manipulateurs, créent commission sur commission, réunion sur réunion, pour sauver un tant soit peu l’essentiel devant cette menace de libéralisme effréné inconnu en viticulture jusqu’ici. Cela aboutit à la loi de la jungle : la liberté de produire n’importe quel cépage n’importe où ne peut donner la victoire qu’au vin le plus compétitif en prix tandis que la qualité, l’originalité, l’origine garantie et le producteur ne seront que des valeurs subalternes.

Alors pour prouver la différence, on s’engouffre dans une montagne de contraintes administratives censées augmenter (encore) le niveau de qualité et aussi à le garantir à l'aide de cahiers des charges de plus en plus complexes, de procédures de contrôle de plus en plus étendues et de plans d’inspection validés par une foule d’organismes, étatiques ou professionnels.

A la lecture de ces quelques lignes, le consommateur que vous êtes aura, à coup sûr, plus vite mal à la tête par l’ingestion de toute cette bureaucratie que par la consommation du plus mauvais vin qu’il est encore possible de produire.

Car derrière tout ce branle-bas se cache une vérité beaucoup plus cynique : l’aboutissement d’une idéologie antialcoolique cherchant à détruire la France viticole et menée avec constance par les gouvernements successifs, d'ailleurs surtout de droite depuis l’arrivée au pouvoir de Jacques Chirac (1995 décret PONS 0,5 gr d’alcool au volant imposé par le gouvernement Juppé).

En 2004, l’Assemblée Nationale avait voté un objectif d’abaissement de la consommation de vin en France (et pas d’alcool !) par tête d’habitant. Entre temps, pour maintenir la pression, les statistiques de consommation ont été largement surestimées (lire article ci-joint) mais heureusement que des journalistes courageux comme Bernard Burtschy ont su mettre les pendules à l’heure.

On manque, dans notre pays de personnes influentes qui osent dire des vérités qui ne sont pas politiquement à la mode. Il y a quelques semaines, dans une émission télévisée consacrée à la sécurité routière et où on donnait l’Angleterre en exemple, pays où il y a le moins de morts sur la route, aucun des participants n’a relevé que l’alcool au volant était à 0,8 gr. Pourtant, cela avait été précisé dans le reportage. Partant de là, on aurait pu avoir un vrai débat. Mais comme d’habitude, il n’a pas eu lieu.

Dans les vignobles français, on cause de tout sauf de l'essentiel. Ainsi on se voile la face en refusant d'analyser la baisse continue de la consommation induisant inévitablement la disparition du vignoble correspondant. En 2015, il restera 13% de consommateurs réguliers pour le vin.

Par ailleurs, nous aurons du mal à exporter davantage en volume pour une raison simple : nous ne sommes pas seuls au monde dans une sphère viticole très dynamique dans la plupart des autres pays producteurs.

Heureusement que nous restons toujours une référence pour la qualité mais nous ne le sommes plus par notre comportement social puisque dans notre beau pays boire du vin ne signifie plus joie de vivre mais dépendance addictologique chronique.

Ayant participé au salon VINOBLE, Salon Mondial des Vins Liquoreux qui a lieu tous les deux ans en Espagne à Jerez de la Frontera, pays qui a sorti le vin du ghetto de l’alcool en le plaçant dans les produits culturels d’Espagne, j’ai  pleuré d’émotion en voyant des tablées de gens heureux entrain de manger et boire du vin en chantant gaiement. Cela m'a rappelé ma jeunesse dans nos bucoliques villages alsaciens où riches et pauvres, jeunes et vieux festoyaient ensemble dans la joie et la bonne humeur lors des fêtes de village et spécialement les fêtes du vin.

Aujourd'hui, les anxiolytiques et les tranquillisants de toute couleur ont remplacé les verres de vin chez la plupart de nos concitoyens... et s'amuser et se divertir n'a plus le même sens dans l'esprit des jeunes générations que l'on a basculé sur le binge drinking…

 

Notre tonneau aux Hospices de Strasbourg

Mais parlons un peu du millésime en cours. L'été pourri de 2008 nous avait fait craindre un retour du scénario climatique 2006, à savoir un automne subtropical chaud et humide engendrant une pourriture galopante. Mais les années se suivent et ne se ressemblent pas. Aussi, après une dernière pluie importante le samedi 12 septembre, le vent du Nord a envahi l'Alsace de façon durable et a desséché comme jamais les foyers de pourriture qui commençaient à s'installer un peu partout.

Et, de vendanges annoncées comme précipitées, nous sommes tombés dans un scénario totalement inverse où il fallait laisser au raisin le temps de mûrir, d'abaisser son taux d'acide malique toujours important à cause de temps frais durablement installé et aussi à cause d'une floraison un peu hétérogène ayant généré du millerandage donc de la maturation variable des baies.

Ainsi, les vins de 2008 se présentent-t-ils avec une forte acidité qui pourrait leur servir de colonne vertébrale solide pour de  longs vieillissements, à condition tout de même de récolter des acidités bien mûres. Le temps frais sera source également de préservation de beaux arômes fruités et typiques ce qui favorisera certainement une récolte exceptionnelle en Riesling.

D’autre part, je suis aussi très optimiste pour le Gewurztraminer et le Pinot  Gris.

 

 

 

 

 

 

Que vous dire d'autre en quelques lignes et quelques mots ? Il y a eu ce printemps le premier concours des Gewurztraminers du Monde à Strasbourg et le Domaine Seppi Landmann a été confirmé dans la production de ses Gewurztraminers d'exception notamment par une Médaille d'Or et une Médaille d'Argent pour ce cépage prestigieux qui nulle part ailleurs au Monde ne s'exprime aussi bien qu'en Alsace.

Au concours des Rieslings du Monde, une Médaille d'Or a aussi complété le palmarès éloquent du Domaine. Vous trouverez tous les résultats sur mon site web : www.seppi-landmann.fr

Les acheteurs en primeurs du Domaine, de plus en plus nombreux y trouvent la récompense de la confiance accordée aux Grands Vins d'Alsace de Seppi Landmann depuis des années et je suis toujours heureux quand vous me téléphonez ou que vous m'écrivez pour me dire que vous venez de goûter un vieux  millésime qui vous a enchantés.

Je termine ce petit mot annuel ne vous recommandant de lire absolument le livre de l'éditorialiste de la Revue des Vins de France Denis Saverot : In Vinos Satanas.

Et, malgré la crise sombre qui règne actuellement, j'emprunte les mots de la publicité pour le vin faite par le Ministère de l'Agriculture durant l'entre deux guerres : « Vin de France, santé, gaieté et espérance ».

C'est en tout cas ce que je vous souhaite pour l'année 2009 à venir.

Bonnes Fêtes de fin d’année.

A bientôt de vos nouvelles.

Votre vigneron,

Seppi LANDMANN

 

Vous trouverez dans nos archives les "Lettres de Noël" des années précédentes.

 
 

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